Le Club du Bouledogue Français, fondé en 1898 SITE OFFICIEL DU CLUB DE RACE, FONDÉ EN 1898, ET AFFILIÉ À LA SOCIÉTÉ CENTRALE CANINE

Logo du Club du Bouledogue Français, fondé en 1898


LE COIN SANTÉ
L'HERPÈS VIROSE CANINE

Le parfait bouledogue selon le standard

(Compte rendu d'une conférence qui a eu lieu à
l'école Vétérinaire d'Alfort le 6/03/2003)

L’herpès virose est une maladie contagieuse due à la présence d’un herpès virus spécifique du chien (CHIV), se traduisant cliniquement par de la mortalité néonatale ainsi que des troubles au niveau de la reproduction (avortement ou infertilité) ou des épisodes de toux de chenil.

En France, près de 50 % des éleveurs hébergent, sans le savoir, des sujets reproducteurs atteints d’herpès virose canine. Présente partout dans le monde, elle est une source de préoccupation des éleveurs.

Les animaux les plus sensibles sont les femelles gestantes en fin de gestation ainsi que les chiots de moins de trois semaines. Tous les chiens peuvent en être atteints dès lors que leur organisme est soumis à un stress comme la malnutrition, des transports traumatisants ou la surpopulation en élevage canin ainsi que des variations de température importantes. On peut également citer l’administration de corticoïdes.

Cette maladie a un côté particulièrement sournois car elle est, la plupart du temps, inapparente et a pour conséquence que de nombreux animaux, apparemment sains, sont contaminés bien que ne développant pas la maladie.

Les symptômes

Le virus, bien qu’il puisse toucher les chiens de tout âge, ne s’exprime cliniquement que chez le chiot de moins de trois semaines ou chez des reproducteurs qui présentent des troubles de la reproduction.

• Chez l’adulte
 
Les symptômes sont extrêmement discrets et le plus souvent inapparents puisqu’ils se traduisent par des lésions papulo-vésiculeuses transitoires sur l’appareil génital externe. Ils peuvent se traduire également par des douleurs à la saillie dues à la présence des lésions ainsi que des épisodes d’infertilité de moins en moins caractéristiques selon la parité.

• Chez le chiot
 
Ce sont les signes digestifs qui apparaissent en premier. Les selles sont peu abondantes, sans odeur particulière et verdâtres. Des vomissements peuvent apparaître mais le chiot semble bien portant avec un appétit normal puis, brutalement, il souffre de fortes douleurs au niveau de l’abdomen. Ensuite, ses mouvements deviennent non coordonnés et il perd l’équilibre. La mort survient entre 24 h et 48 h après la naissance, parfois 4 à 5 jours plus tard.

Lorsque le chiot est plus âgé ou s'il s'agit un adulte, peut s’installer 48 h après l’infection par voir oro-nasale, une rhinite ou une pharyngite sans fièvre qui guérit généralement de façon spontanée au bout d’une ou deux semaines. Enfin, on observe plus rarement des troubles oculaires (kératite, irido-cyclite).

Diagnostic de suspicion

Tout épisode de mort néonatale dans les premiers jours de la vie des chiots doit faire penser à une primo infection herpétique. Le diagnostic n’est toutefois pas aisé du fait que de nombreux infectés latents sont séronégatifs. Un problème d’infertilité ou de faible prolificité en élevage doit inclure l’hypothèse d’une infection de l’élevage par le CHV ; les lésions génitales sur des reproducteurs doivent être examinées avec soin de même qu’un syndrome de toux de chenil peut également orienter vers une suspicion d’herpès.

À l’autopsie, des foyers hémorragiques sur les poumons peuvent signer un diagnostic d’herpès.

Diagnostic de certitude


 • Sur les adultes
Un examen des muqueuses vaginales ou prépuciales ainsi qu’un prélèvement de sperme peuvent donner des certitudes.

 • Sur les chiots
l’isolement du virus est très délicat et n’est possible que si les prélèvement ont lieu dans les deux heures qui suivent la mort du chiot.

Pronostic

Il s’améliore avec l’âge du chiot. Ceux qui en réchappent peuvent garder des séquelles rénales, pulmonaires ou nerveuses. Pour la lice reproductrice, lors d’une gestation suivante, les anticorps colostraux peuvent protéger les chiots de la maladie mais pas du portage et de la ré-excrétion virale.

Traitement

Il est illusoire chez le chiot, une fois la maladie déclarée mais, pour les chiots à risque, l’éleveur pourra, dès la naissance, tenter de les sécher pour réduire la baisse de température liée à l’évaporation du liquide amniotique ou au léchage de la mère et surtout, maintenir les chiots dans une couveuse à forte hygrométrie entre les tétées (ou sous une lampe chauffante).

Il faut en effet, dans la mesure où le virus ne survit pas à partir d’une certaine température, maintenir impérativement le chiot au dessus de 37° tout en sachant que la réplication virale est maximale entre 35° et 36° ; La température des locaux doit être maintenue à la naissance à 31° et baissée régulièrement jusqu’à 22°C vers la troisième semaine.

Lorsque le chiot est atteint d’hypothermie, un passage de trois heures à l’incubateur (38°7) avec une hygrométrie supérieure à 80 % obtenue en y plaçant un verre rempli d’eau, permet d’éviter la paralysie intestinale et le rejet par la mère ; le gavage à la sonde oesophagienne doit, pour cette raison toujours suivre le réchauffement et non le précéder.

Prévention

Le virus est extrêmement fragile dans le milieu extérieur et sensible à tous les désinfectants.

Les infections concomitantes comme les diarrhées virales ou la toux de chenil sont connues pour leur rôle favorisant l’extension de la maladie. La dissémination virale par voie aérienne, bien que mineure, est difficile à contrôler.

La prévention de la transmission vénérienne reste délicate. En effet le fait que l’étalon soit séronégatif ne prouve pas formellement qu’il n’ait jamais été en contact avec le virus. En revanche, une séropositivité atteste de façon formelle du portage latent.

Au moment de la saillie une sage précaution consiste à extérioriser complètement les bulbes érectiles hors du fourreau afin de vérifier l’absence de lésions papuleuses et éviter d’utiliser pour la reproduction un étalon qui présenterait des douleurs génitales ou des troubles respiratoires.

Les inséminations artificielles diminuent le risque de transmission mâle/femelle sans les supprimer totalement. En revanche, elles suppriment totalement le risque femelle/mâle puisque le contact de muqueuse à muqueuse est alors supprimé.

La désinfection de l’appareil génital des partenaire s’avère également assez décevante car elle n’atteint pas tous les virus et risque de s’avérer spermicide. Il est toutefois conseillé d’utiliser un produit d’hygiène non spermicide. Il est également conseillé d’isoler les lices trois semaines avant et trois semaines après la mise-bas dans une maternité qui sera traitée, à cette occasion comme une quarantaine.

Le vaccin

Les tentatives de vaccination se sont longtemps soldées par des échecs du fait que le virus était trop faiblement immunogène mais, très récemment, un vaccin a été mis au point ; il s’agit d’un vaccin un peu particulier qui ne s’applique que sur les chiennes en reproduction et qui n’est disponible que sur le marché européen. Il s’agit d’un vaccin à sous-unités virales purifiées.

Ce vaccin induit une séroconversion chez la chienne gestante avec un pic d’anticorps neutralisant le CHV au moment de la mise-bas. Ce vaccin se fait 10 jours avant ou après la saillie puis 10 jours avant la mise-bas et permet de protéger les chiots nouveau-nés par l’intermédiaire des anticorps colostraux d’origine maternelle mais il doit être répété pour chaque épisode de reproduction.

Il protège en fait le chiot, grâce au renforcement des anticorps maternels contenus dans le colostrum, et lui permet de passer la période où le risque est maximal, c’est à dire les premiers jours de la naissance.

Ce vaccin est également utilisable dans les élevage infectés pour stimuler l’immunité naturelle des chiennes en période de réactivation virale (chaleurs, mises-bas).

En conclusion

il est couramment admis qu’il serait illusoire et inutile d’écarter tous les sujets susceptibles d’être contaminés par le virus de l’herpès virose d’autant plus que le statut sérologique des chiens n’est pas facile à établir.

Il est préférable de surveiller les chiots à risques dès leur naissance en maintenant une température de 37° et de pratiquer l’insémination artificielle de façon systématique.

Par ailleurs, le vaccin récemment mis sur le marché constitue une avancée pour faire sortir du cauchemar un certain nombre d’élevages confronté à ce virus même si son éradication est absolument impossible et qu’il faut l’intégrer dans le paysage de l’élevage.

©O. B.

Cet article vétérinaire a été lu et approuvé par le Dr Philippe Pierson, co-auteur du Guide pratique de l'Elevage canin paru aux Éditions Fontaine.



Mise à jour : dimanche 21.07.2013 13:55. Résolution d’affichage conseillée : 1024 x 768.
Toute reproduction de texte ou d'image, toute inclusion de page de ce site dans un site extérieur sont interdites.